Les relations avec ses proches suite à l’annonce d’un cancer.

J’aimerai aborder ce sujet avec vous et avoir votre vécu sur ces relations. Cela peut être utile pour ceux qui vivent actuellement l’annonce d’un cancer.

Suite à l’annonce de mon cancer, j’ai vu 3 types de réactions de la part de ma famille, mes amis et relations.

1) Ceux qui ne vous rappelle pas ou très peu.
2) Ceux qui positive plus que nécessaire.
3) Ceux qui sont présent et vous soutiennent.

La première catégorie au début m’a un peu déçu mais avec le temps je me suis rendu compte que ce manque d’appel n’était pas du désintéressement (sauf quelques rares cas), mais la peur de la maladie. Nombre de personne ne savent pas comment réagir face à la maladie et de ce fait n’ose pas aborder le sujet. Alors je me suis mis à avoir un discours un peu différent avec ces personnes, ne les appelant que lors des bonnes périodes ou quand j’avais de bonnes nouvelles.

La deuxième catégorie ressemble un peu à la première. Du fait de la maladie, pour nous rassurer et pour je pense se rassurer eux-mêmes, ils positivent à fond. Que n’ai-je entendu : « tu es un battant » « tu vas combattre  la maladie » « ca ira mieux dans quelques jours » « je connais une personne, il a vaincu le cancer en quelques mois » etc...
Cela m’horripilait un peu. En effet, oui je vais suivre mon traitement pour aller mieux, je ne vais pas baisser les bras. Mais non je ne vais pas guérir, j’ai un traitement palliatif mon gars. Non cela n’ira pas mieux demain ou après demain, je viens de faire une chimio et j’en ai pour environ 10 jours de douleurs.
En fait les personnes se rassurait eux-mêmes et je n’osai pas trop les contrarier au début mais ensuite, je leur expliquai, une fois peut-être après avoir moi même accepté la maladie.

La troisième catégorie fut la plus réconfortante pour moi. En effet, ils étaient toujours présents, prenant de mes nouvelles et prenant le temps d’écouter. Mille mercis à ceux qui m’ont dit, on est présent et disponible si tu as envie de parler.
A l’annonce du cancer, on se repli un peu sur soi mais ensuite vient l’acceptation et c’est la qu’on à besoin d’extérioriser un peu et d’avoir une écoute bienveillante.

Comment avez vous vécu vous-mêmes ces relations ?

A bientôt
Daniel

Salut Dan,

Ben à vrai dire, je n'ai pas vraiment noté de personnes en 1ère catégorie. Nous avons continué à avoir pratiquement les mêmes relations avec tous le monde dans le cercle familial ou amis, mis à part les très proches. A part au début, normal, ou viennent les questions, besoin de savoir, éclaircir la situation et puis après, ça c'est tassé. Tout a continué comme avant.

En revanche, dans la 2ème catégorie, c'est un peu différent. J'avais un commerce, ma femme avait un commerce. Nous sommes dans un petit bled de 2500 habitant donc, entre les commerçants de la ville, les clients, les associations, institutions, etc... On connait pas mal de monde. Ma femme a sacrifié son magasin de fringues qui n'était pas notre principal revenu et a repris mon magasin de cigarettes électroniques qui lui, nous fait vivre. Nous avons du prendre cette décision dès le début du traitement  car c'était impossible pour moi de gérer les deux.
Donc, à partir de là, il a bien fallu fournir une explication. J'aurais pu dire que j'étais à la retraite mais bon, perdre 12kg en 3 mois, ne plus boire d'alcool, ne plus manger certaines choses, etc... On a choisi de dire la vérité. Donc, dans cette catégorie là, effectivement, j'ai eu droit et j'ai encore droit à mon lot de commentaires, du simple "ça va?" plein de sollicitude au plus chargés "ha bah ça va quand même!" "et bah alors, ça va? C'est pas trop dur", "ho mais ça se guérit bien maintenant", "mon père en a eu un, c'est peanuts", etc, etc, etc....
Certains m'horripilent, forcément, comme mon banquier quand il me pose la question de base d'un air préoccupé. Après, ce n'est qu'une question classique, celle que tout le monde me pose mais venant de lui, ça a le don de m'agacer.
Bref, en général je répond vaguement, "oui ça va" "c'est sous contrôle" etc... Mais c'est vrai que des fois, j'ai envie de balancer "c'est un stade 4 ducon! Tu sais ce que c'est? Alors va te renseigner et arrête de m'emmerder avec tes ça se guérit bien maintenant!" mais bon, faut les comprendre aussi. Effectivement, d'une certaine façon, ils se rassure eux même.
Il m'arrive aussi de jouer au sourd, de ne pas répondre. Ma femme me le fait remarquer car ça l'agace "T'as entendu? Il ta parlé. Tu pourrais répondre quand même!" Et ben non! J'ai assez répondu comme ça. S'il ne comprend pas qu'il est lourdingue, tant pis pour lui. Il m'arrive aussi de ne pas aller à la réunion des commerçants ou aux vœux du maire. Ma femme y va seule. Elle me le reproche un peu mais elle comprend....
Au contraire, dans les groupes de passionnés de voitures que je fréquente, c'est différent. Il y a plus de respect, ou de décence, je ne sais pas. Tout le monde le sait mais on n'en parle pas. le "bonjour, ça va" est toujours le même et on passe direct au réglage du carburateur à 4 corps...

Enfin, la 3éme catégorie est la plus importante bien sur. Mes filles se sont un peu plus rapprochées. Ma sœur m'appelle plus souvent. Les cousins aussi, dont une qui était déjà proche mais qui, ayant un cancer du sein, me parle plus souvent forcément. Durant les périodes de vacances, on est plus souvent ensemble aussi....
Mais il y a quelques particularités comme mon beauf est ma belle-sœur (sœur de ma femme). Au début, avec lui, on se parlait souvent, forcément puisque son cancer de la prostate a démarré avant le mien et qu'il a eu une prostatectomie puis on a pris des chemins différents. Pour lui, c'est foutu. Son père et son grand-père sont morts de ça donc, il n'y a pas doute qu'il va y passer aussi. Donc, il a décidé de vivre comme il l'entend avant, manger, boire, prendre 15 kilos à rien foutre, prendre un gros chien qui fait chier tous le monde et partir tout seul dans des week-end motos en laissant tout le monde à la maison, à s'occuper du chien bien sur.  Je ne connait pas son stade mais moins avancé que le notre c'est sur de part le fait qu'il a eu droit à l'ablation direct.
Alors oui, le cancer te donne certains droits, je suis d'accord, mais pas tous. Bref, bien sur, de mon coté, j'en fais trop et ça sert à rien. Nos relations sont toujours bonnes mais on évite le sujet du cancer. D'ailleurs, son PSA a recommencé à donner des signes...
Une fois, une seule, ça avait déteint sur ma femme. Alors que j'avais choisi de ne pas l'accompagner je ne sais ou pour me livrer à une séance de sport car je n'avais pas pu en faire pendant 2 ou 3 jours, elle m'a balancé:
- "Tu ne trouves pas que tu en fais trop?"
- "Comment?"
- "Ben oui! Et je ne suis pas la seule à le penser."
Comme elle est souvent pendue au téléphone avec sa sœur, j'ai compris. Mon sang n'a fait qu'un tour. Et là, je me suis permis de répondre ce que j'ai parfois envie de dire à la catégorie 2:
- "Tu diras à qui je pense que j'ai un cancer en stade 4 MOA! Un cancer dont en principe on ne guérit pas MOA! Et que MOA, j'ai décidé de ne pas baisser les bras même comme ça. Au cas ou toi aussi tu aurais oublié..."
Le sujet est clos. Nous n'en avons plus jamais reparlé. Et ça n'a rien changé à mes relations avec ma belle famille....

Voila pour mon histoire. On a chacun la sienne avec ses particularités mais le fond reste assez proche en général.
Bonne journée...